
Ce tramway que l'on désire
Québec aurait tout avantage à
remplacer le Métrobus par un moyen de transport en accord
avec le développement urbain durable
par Yvon Larose
Chaque jour à Québec, les véhicules du
réseau Métrobus transportent quelque 50 000 personnes.
Cet achalandage, selon Paul Villeneuve, professeur à l'École
supérieure d'aménagement du territoire et de développement
régional de l'Université Laval, justifierait le
remplacement des autobus Métrobus par un réseau
de tramways. "La demande pour le transport en commun est
là et elle est suffisante pour parler d'un tramway à
Québec, affirme-t-il. Un tramway se situerait au coeur
d'une stratégie de développement urbain durable.
Québec a besoin d'un tramway, c'est une solution nécessaire."
Paul Villeneuve a prononcé une conférence, le jeudi
23 septembre au Centre communautaire Lucien-Borne de Québec,
sur le thème "Le nouveau tramway: une solution viable
pour Québec?". Selon lui, plusieurs arguments militent
en faveur du de ce mode de transport. "Son image, dit-il,
est excellente, son impact sur le milieu urbain est très
fort et la valeur foncière augmente à proximité
des stations." Parmi les facteurs favorables à un
tramway à Québec, Paul Villeneuve mentionne un
début de prise de conscience depuis la signature, en 1997,
du Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions
de gaz à effet de serre. Un autre facteur favorable serait
le bilan migratoire positif dans les trois arrondissements les
plus urbanisés de Québec. Par exemple, entre 1996
et 2001, l'arrondissement de La Cité a vu sa population
passer de 60 015 à 62 110 habitants. Soulignons également
le nombre de tronçons congestionnés sur le réseau
routier de la ville, qui est passé de quelque 1 950 en
1991, à plus de 2 660 en 2001.
Une nouvelle vision
Un second conférencier, l'urbaniste Richard Bergeron,
a insisté sur "le nouveau tramway", un concept
qui a pris naissance en France, il y a quelques années,
et qui s'est étendu à l'Europe. D'ici 2010, 15
milliards de dollars auront été investis uniquement
en France dans la construction de 450 kilomètres linéaires
de réseaux de tramways. "Ces projets ne sont pas
uniquement axés sur le transport, explique le responsable
des analyses stratégiques à l'Agence métropolitaine
de transport de Montréal. Ce sont des projets de renaissance
urbaine dans lesquels les citoyens se réapproprient la
ville." À Strasbourg, en France, le centre-ville
est depuis 1994 strictement réservé au tramway,
aux piétons et aux bicyclettes. Entre 1990 et 2001, le
nombre de déplacements en transports collectifs dans cette
agglomération d'environ 450 000 habitants a augmenté
de près de 90 %.
Dans un projet déposé en 2003, le Réseau
de transport de la Capitale proposait de construire, au coût
de 650 millions de dollars, un réseau de tramways de 21,5
kilomètres de long dans l'axe du Métrobus actuel.
Ce moyen de transport est à la fois plus confortable et
plus rapide que l'autobus (sa vitesse commerciale est d'environ
25 km/h vs 21 km/h pour le Métrobus). Un tramway est aussi
moins bruyant (grâce à un roulement doux fer sur
fer) et moins polluant (parce que mû à l'électricité).
Et la conception modulaire des nouveaux tramways leur permet
de se faufiler partout. Enfin, le tramway fonctionne bien l'hiver
et revient trois fois moins cher au kilomètre parcouru
que l'automobile.
 |
|